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Les ogres par ROG PHILLIPS

Les ogres par ROG PHILLIPS 
 
L’idée d’une colonie interplanétaire développant, sous l’action du milieu et des circonstances, des mœurs extrêmement étranges et parfois ataviques, n’est pas nouvelle. Mais Rog Phillips (pseudonyme de Roger Phillips Graham, un physicien amateur qui a anticipé dès 1950 certaines découvertes modernes telles que la non-conservation de la parité) arrive à faire rendre à ce thème un son original… et oh ! combien savoureux(6). 
 
« PÈRE, » dit Geneviève, son petit visage mutin arborant un air de dignité destiné à masquer son embarras, « je voudrais un homme. » 
— « Voyons, Geneviève, » répondit Mort, étudiant avec une attention excessive la lame du hachoir à viande qu’il affûtait, « qu’est-ce que tu en ferais ? » 
— « Ne la taquine pas, Mort, » intervint Opal, en interrompant son repassage. « Elle a seize ans, à présent ; il est naturel qu’elle ait envie d’un homme. » 
Mort fixa sa femme d’un regard surpris, puis s’absorba de nouveau dans la contemplation du hachoir. Il dit, d’un ton maussade : 
— « Elle n’a qu’à prendre un de ses frères, dans ce cas. » 
— « Quelle horreur ! » s’écria Opal choquée. « Mort, tu me surprends péniblement. » 
— « J’ai déjà réfléchi au problème, » dit Mort résolument, « et je n’y vois pas d’autre solution. » 
— « Je m’enfuirai à la Cité du Péché ! » dit Geneviève, et ses yeux se remplirent de larmes. 
— « Et comment ferais-tu là-bas ? » dit Mort patiemment. « Tu ne supporterais pas leur nourriture. » 
— « Cela m’est bien égal. Il y a d’autres choses plus importantes que la nourriture. » 
— « Il existe un autre moyen. » glissa Opal, apparemment tout à son repassage. 
— « Ça ne marcherait pas. » déclara Mort. 
— « Toi et les garçons pourriez essayer. Et en quelques mois, l’homme de Geneviève s’adapterait. » 
— « Oh ! oui, Père, » supplia Geneviève ardemment, « je suis sûre qu’il s’adapterait. Et s’il… s’il… Oh ! je l’aimerais ! J’en suis sûre. » 
— « Comme il serait agréable d’avoir quelqu’un de nouveau près de nous, » soupira Opal. « Parfois, je voudrais tellement avoir quelqu’un à qui parler… une femme de mon âge, par exemple. Comme cette Mrs. Johnson. Elle me plaisait. » 
— « Et je pensais justement à un garçon du genre de son fils, » déclara Geneviève, les yeux brillants. « Oh ! s’il en vient d’autres qui leur ressemblent, pourrons-nous… Père, s’il te plaît ! » 
Mort promena de sa femme à sa fille un regard plein de soupçons. 
— « D’où viennent toutes ces sornettes ? » 
Opal, avec un grand soupir, coupa le courant du fer. 
— « Je suppose que c’est la cuisse rôtie que nous avons pour dîner. » 
— « Quel rapport ? » 
— « C’est celle de Mrs. Johnson, » soupira à nouveau Opal. 
— « Sommes-nous tellement à court de viande ? » 
Opal secoua la tête. 
— « Je pensais à elle, je crois que je me sentais un peu seule… Alors, au lieu du menu prévu, j’ai décidé de mettre une de ses cuisses à rôtir. » 
— « Elle avait de sacrées belles cuisses, si j’ai bonne mémoire, » dit Mort. « La graisse enrobait la chair… Ça devrait être juteux et tendre. » 
— « En tout cas, tout ça n’a rien à voir avec ce que je veux moi, » fit Geneviève. « Je veux… » 
Sa voix fut engloutie dans celle d’un klaxon puissant en provenance du radar. Tous trois se tournèrent vers le mur de la cuisine formant écran, où l’immobile paysage habituellement retransmis était en train de s’animer. 
Sur l’écran, grandissait de minute en minute l’image d’un de ces camions standards, conditionnés spécialement pour la traversée du désert, et utilisés par tous les touristes circulant à la surface de Mars. Il approchait. 
— « Un homme ! » pria Geneviève. 
— « Une femme ! » rêva Opal, pleine d’espoir. 
— « De la viande ! » dit Mort. 
Les autres enfants firent irruption dans la pièce et la maison prit une allure d’asile, chacun se précipitant de tous côtés, s’apprêtant à recevoir les visiteurs. 
*** 
Fruits d’une longue pratique, les préparatifs furent rapides, efficaces. La cuisse de Mrs. Johnson, qui était en train de dégeler, fut précipitée dans le congélateur. Mort et ses trois fils aînés se lancèrent à la recherche de leurs couteaux, introuvables chaque fois qu’ils en avaient un besoin urgent. Geneviève et sa mère rangèrent précipitamment le linge dans la buanderie, remirent de l’ordre un peu partout, passèrent des robes toutes fraîches sorties de l’armoire. Il fallut molester les plus jeunes pour obtenir qu’ils se débarbouillent convenablement. 
Opal s’était révélée tout à fait prolifique, bien qu’il ne fût jamais possible de déterminer si elle l’était naturellement, ou si c’était un effet de leur régime. Douze enfants en seize années, tous vivants et bien portants, sans l’aide d’aucun médecin, un véritable record. 
La prudence était à l’ordre du jour. 
Bien sûr, tous les visiteurs ne finissaient pas dans le congélateur. Seulement ceux dont on était sûrs qu’ils ne pourraient être dépistés en cas de recherche. 
Seulement ceux qui avaient été vus pour la dernière fois à des points situés à des centaines de kilomètres de distance de la ferme. On laissait les autres poursuivre leur route, bien à regret, et Mort, Opal et leurs douze enfants les regardaient s’éloigner d’un œil vorace, en agitant leurs mouchoirs. 
En fait, Mort et Opal n’avaient pas toujours été cannibales, quoique leurs enfants n’eussent jamais connu d’autre régime alimentaire. 
Vingt ans auparavant, en 2087, ils avaient débarqué, heureux jeunes mariés de Los Angeles, gagnants d’un concours qui leur donnait la merveilleuse possibilité de s’installer sur Mars, en leur accordant, outre un voyage gratuit jusqu’à Marsport, 160 hectares du vierge désert martien, qui deviendraient entièrement leur propriété au bout de vingt-cinq années d’occupation. Au milieu de ce terrain s’élevait un dôme renfermant, dans un espace d’environ 20 ares, tout ce que la civilisation moderne était capable d’offrir : une centrale nucléaire qui, pendant des centaines d’années, fournirait automatiquement tout le courant dont ils pourraient avoir besoin, une importante serre de cultures hydroponiques capable de produire suffisamment de grains, de fruits et de légumes pour alimenter une armée entière, et, enfin, deux truies et le matériel d’insémination artificielle qui en ferait une source sans fin de porc, type de viande éminemment productif. 
Malheureusement, les deux truies étaient mortes au cours de la première année, et – négligence due probablement à une mauvaise tenue des livres – l’Inspecteur officiel des Plantations et Domaines ne les avait pas remplacées. Aussi, après que tout le porc conservé dans le congélateur eut disparu, étaient-ils devenus végétariens par nécessité… jusqu’au jour où Opal se mit à attendre la naissance de Geneviève. 
Opal tomba malade durant cette période. Mort s’occupa d’elle et la soigna du mieux qu’il put. Mais, jour à après jour, l’envie de viande de sa femme devint de plus en plus irrésistible, jusqu’à envahir entièrement son esprit et ne plus lui permettre de penser à quoi que ce fût d’autre. 
Puis arriva le jour où, au cours d’une nouvelle tournée d’inspection, l’Inspecteur des Plantations et Domaines repassa par la ferme. Mort lui réclama de la viande, et lorsque l’Inspecteur lui demanda une fois de plus d’être patient, quelque chose se déclencha dans le cerveau de Mort. 
Tout ce qu’il aurait pu en dire, c’est que, à la seconde suivante, l’Inspecteur était étendu à ses pieds, mort. Et il restait là, stupidement, à contempler ce corps, et ses rêves devenir qui, au même instant, s’étaient écroulés. 
Alors lui était venue l’Inspiration. Opal, endormie dans la chambre à coucher, ne savait rien de ce qui venait de se passer. Et il lui fallait de la viande. Là était l’important. Après tout, ce que l’on ignore ne peut vous faire de mal. 
Et, effectivement, tout s’était très bien passé. Opal avait avalé avec délices les steaks grillés, les rôtis bien juteux, sans mettre en doute une seconde le récit de Mort : l’Inspecteur, lors de son passage, avait apporté cette viande – ce qui, sous un certain angle, était l’expression de la vérité… 
Jusqu’alors, Mort avait apporté à sa femme ses repas au lit, sur un plateau, se précipitant aussitôt hors de la pièce sous un prétexte ou un autre, incapable de la regarder dévorer cette viande. Mais la guérison venue, elle reprit ses tâches de maîtresse de maison, qui comprenaient la préparation des repas, et Mort se trouva acculé à l’inévitable. 
Les yeux fermés, il avait porté la première bouchée à ses lèvres crispées… pour découvrir, à son immense surprise, que c’était délicieux. Et puis aussi – il le comprit par la suite – une viande conservée durant un certain temps dans un congélateur perd tout rapport avec son origine et n’est plus, simplement, que de la viande. Mis à part le fait que celle-ci était, de loin, beaucoup plus savoureuse qu’aucune autre, le porc n’était plus déjà qu’un lointain souvenir. 
Hélas, cette source aussi s’épuisa. Geneviève était venue au monde entre temps, et tout allait bien, jusqu’au jour où le congélateur se retrouva vide. Vide, jusqu’au moment où ils reçurent la visite d’un jeune prospecteur, qui eut la maladresse de faire un brin de cour à Opal. 
Ce qui s’ensuivit ne fut guère drôle. Mort se mit à découper le prospecteur en morceaux alléchants, tandis qu’Opal devenait à moitié folle, surtout lorsque Mort, dans une poussée de colère, lui eut révélé non seulement ce qu’était, mais qui était, la viande qui les avait sauvées, elle et le bébé. 
Puis, lentement, comme les jours passaient, la résignation était venue. La dépersonnalisation d’une viande sortant du congélateur et, d’un autre côté, cette saveur infiniment supérieure qu’il fallait bien admettre, une fois qu’on s’était fait à l’idée de sa provenance, avait arrangé les choses. 
Les années passèrent, leurs autres enfants vinrent au monde, et cette diététique particulière passa dans leur mode de vie courant. Les enfants ne pouvaient même imaginer d’autre manière de s’alimenter. 
Les petites pousses étaient devenues de grands chênes, la vie avait poursuivi son train. 
Et voici que des visiteurs arrivaient ! 
*** 
Le camion passa sous le dôme tandis que l’ouverture du sas qui lui avait livré passage se refermait automatiquement. Le sifflement de ses turbines vrillait l’atmosphère, lui donnant une vie inhabituelle. 
La famille entière attendait, en groupe, pressée à l’arrière de la maison, essayant de deviner ce que le camion contenait au fur et à mesure qu’il se rapprochait, chaque paire d’yeux agrandie par le secret partagé. 
Seuls les yeux de Geneviève brillaient d’espoir. Opal, en mère de famille sensée, avait déjà balayé de son propre esprit un rêve si peu pratique. Son regard ne reflétait plus qu’une légère inquiétude à la pensée de quelque ennui toujours possible, par exemple l’éventualité qu’un membre quelconque de la précieuse couvée pût être molesté avant que l’affaire fût dans le sac, la viande fraîche dans le congélateur et le camion rangé dans le garage, à l’abri de tout regard. 
On apercevait à présent le conducteur, à travers le pare-brise. Un homme grand, bien en chair. 
— « Oh ! là là, il est gros ! » s’exclama le petit Zeke, six ans, tout excité. 
Sa mère le fit taire sèchement. 
— « Tais-toi, Zeke. » 
Le camion s’arrêta devant eux et l’on put entendre, dans le silence soudain, l’exclamation de joie et de surprise que laissa échapper Geneviève à la vue du jeune homme assis au côté du conducteur. 
Elle fut la première personne qu’aperçut le jeune homme en se glissant hors du camion, et le regard qu’ils échangèrent exprima une admiration mutuelle. Durant les cinq ou six secondes qui suivirent ce premier contact, les coups d’œil échangés ne firent que renforcer cette première impression de mutuelle admiration, de mutuel besoin, comme si chacun en découvrant l’autre avait été récompensé d’une longue quête. Si bien qu’au bout de rien de moins que sept secondes, tous deux avaient atteint ce degré soudain de complète entente qu’on appelle parfois coup de foudre, et que seules peuvent arriver à détruire, chez les couples qui en sont frappés, des découvertes ultérieures telles que, par exemple, une voix déplaisante, des tics exaspérants – ou bien, également, des habitudes cannibales. 
Pendant ce temps, le conducteur avait hissé son énorme masse hors du camion. Un mètre quatre-vingt-dix, des cuisses qui devaient bien peser leurs cinq kilos, si ce n’est plus, de grosses bonnes joues, des biceps comme des jambons. Seul son nez était fin, fin et bien dessiné, entre deux yeux perçants. 
Mort pouvait sentir toute l’astuce et la dangereuse intelligence dissimulées derrière le sourire amical. Sans que cela l’effrayât outre mesure, il enregistra le fait et se tint prêt à donner, à l’instant propice, le signal de la boucherie, signal qui déclencherait comme un ressort toute une série d’actions parfaitement bien combinées entre lui et ses trois fils aînés. Cette coordination était la marque du succès. 
— « Ah Comme il est bon de pouvoir enfin s’étirer ! » déclara le gros homme, en se dépliant avec un large sourire. « Je m’appelle Pete Walters, et voici mon fils, Bob. Nous sommes ce que vous appelleriez, j’imagine, des touristes. » 
— « Je m’appelle Geneviève. » dit la jeune fille à Bob d’un ton presque tendre. 
— « Soyez les bienvenus à notre ranch, » dit Mort. « Nous sommes les Smith. Je m’appelle Mort, voici ma femme, Opal, mes fils : Zeke, le bébé de la famille, Chad, Roy, Henry et Lester. Geneviève, bien sûr, Mary – mais nous n’allons pas passer la journée à faire le tour de la couvée. Vous devez être fatigués et affamés. » 
— « C’est vrai, pour ne rien vous cacher. » avoua Pete Walters. 
— « Eh bien, » intervint Opal, d’une voix chaude et engageante, « entrez vite. Nous allons vous montrer vos chambres. Le temps de prendre un bain et de vous changer, le dîner sera prêt. » 
— « Merveilleux, » dit Pete, « tout ce dont nous rêvions. Viens, Bob. » 
Ils pénétrèrent tous dans la cuisine, Bob et Geneviève se trouvant, par le plus grand des hasards, si proches l’un de l’autre que leurs mains s’effleurèrent. 
Puis elle s’éloigna délibérément de Bob, et ce fut Mort qui prit en charge les invités, les menant chacun à leur chambre. Lorsqu’il revint dans la cuisine, Geneviève l’attendait, prête à l’affronter. 
— « Père, » dit-elle fermement, « Bob est l’homme qu’il me faut, et si tu touches à lui, je… je ne te laisserai pas faire. » 
Mort secoua la tête avec non moins de fermeté. 
— « Ne te fatigue pas, mon petit, ça ne sert à rien. Ce Pete Walters est le meilleur morceau de viande qui nous soit jamais tombé du ciel, et je n’ai pas l’intention de le laisser échapper. Ce Bob n’a pas l’air décharné lui non plus. » 
— « Je ne supporterai jamais l’idée que la viande dans le congélateur soit Bob ! » siffla hystériquement Geneviève. « Tu ne peux pas faire ça ! Père, Bob est fait pour moi ! Tu es mon père. Je t’en supplie ! Trouve quelque chose d’autre ! » 
Mort haussa les épaules. 
— « Tu t’en remettras, » grogna-t-il. « Il y a des choses qui sont possibles, et d’autres qui ne le sont pas C’est précisément en grandissant que l’on apprend qu’il existe des choses impossibles. Tu n’as pas l’air de déplaire à ce Bob pour l’instant, c’est exact. Mais s’il vit assez longtemps pour te voir dévorer un steak découpé dans son propre père… ! » 
Il secoua tristement la tête. 
— « Nous pourrions quitter la ferme tous les deux. » suggéra Geneviève. 
— « Et vivre de légumes ? » répliqua Mort. « Ou manger de ce bœuf qui a goût de semelle, ou de ce porc qui emplit l’estomac sans apaiser la faim ? » 
— « Alors aide-moi, Père, » plaida Geneviève, « Il m’aime. Je sais qu’il m’aime. Toi et les garçons pourriez l’obliger à manger jusqu’à ce qu’il y prenne goût, qu’il ressente de l’appétit pour ça. Alors, il m’aimerait à nouveau. » Sa voix tremblait d’ardeur. « Ça réussirait, Père. Je suis sûre que ça réussirait. » 
Mort hésita, pensant à la façon dont lui et Opal s’y étaient mis, avaient acquis cet appétit. Mais non, cela n’aurait jamais été possible s’ils avaient dû s’exercer sur son propre père ou celui d’Opal. L’horrible pensée le fit frissonner de répulsion. 
— « Si tu ne me dis pas oui, » menaça Geneviève, « je leur dirai toute la vérité sur nous ! » 
Ce qui était une énorme faute de tactique, et elle s’en rendit compte au moment même où elle prononçait ces paroles. Même le petit Zeke comprenait très clairement que la fuite d’une seule personne en possession de leur secret signifierait la fin de leur heureuse existence. Aussi, quand Mort et les deux aînés se précipitèrent sur elle, essaya-t-elle de leur échapper en hurlant : « Ce n’est pas ce que je voulais dire. Je ne parlais pas sérieusement ! » 
Mort plaqua sa main sur sa bouche et Ched et Roy lui immobilisèrent les bras. 
— « Il va falloir l’attacher, la bâillonner et l’enfermer dans sa chambre jusqu’à ce que tout soit fini. » dit Mort. 
Le petit Zeke se mit à pleurer. Opal le prit dans ses bras. « Chut, Zekey. » murmurait-elle. 
— « Eh bien, eh bien ! » La voix de Pete Walters résonna, « Que se passe-t-il ! Un nouveau jeu ? » 
Tous les regards se tournèrent vers la massive silhouette qui s’encadrait dans la porte. À cet instant de commun péril, les divergences individuelles furent oubliées et l’on ne pensa plus qu’à faire face à cette menace en puissance. Mort libéra la bouche de Geneviève, les deux garçons lui lâchèrent les bras et s’écartèrent, prêts à l’action. 
— « Absolument pas, » dit Mort. « Je fais régner chez moi la discipline. Cette jeune personne refusait d’aider sa mère à préparer le dîner. Mais qu’est-ce qui vous a ramené si vite à la cuisine et vous a permis d’assister à une scène si embarrassante pour vous ? Nous vous croyions occupé à prendre votre bain ? » 
— « Impossible de trouver le savon, » dit Pete Walters. 
— « Oh ! » s’écria Opal, navrée de son oubli. Elle posa Zeke à terre, se précipita dans la pièce où étaient entreposées les réserves et revint portant deux barres de savon toutes fraîches. 
Une fois Pete Walters reparti. Mort regarda froidement Geneviève. « Je te conseille de ne plus proférer la moindre sottise. » Puis, s’adressant aux garçons : « Nous ferions mieux de leur faire leur affaire à la première occasion. Et attention : pas d’erreurs. La moindre fausse manœuvre pourrait nous coûter très cher. Ce gros gars pourrait vous casser un bras rien qu’en donnant un tour de poignet. » 
Gémissant et pleurant, Geneviève s’élança hors de la cuisine vers sa chambre en donnant tous les signes extérieurs d’un cœur brisé et plein de rage. Opal la suivit, en partie pour être bien sûre qu’elle n’allait pas directement avertir Bob, en partie pour la réconforter. 
Mais Geneviève refusa toute consolation, et de guerre lasse, Opal s’en revint à la cuisine où elle commença à jeter quelques légumes dans la marmite en vue du dîner. 
L’odeur des légumes cuits ne tarda pas à se répandre dans la maison. Mort parut ne rien sentir. Les enfants plissèrent leur nez de déplaisir. Chacun demeurait assis, dans une attitude d’attente. 
Enfin, les deux invités firent leur entrée dans la pièce, roses, lavés et rasés de frais, reniflant avec un plaisir non dissimulé cette bonne odeur de cuisine. 
— « Hmm, » dit le plus gros des deux, « des légumes frais. » 
— « Oui, » s’excusa Opal. « C’est tout ce qui nous restait. Je suis vraiment désolée de ne pouvoir vous offrir du porc, mais à vrai dire… » 
— « Cela ira parfaitement bien comme ça, croyez-moi, Mrs. Smith. » répondit l’homme d’un ton joyeux en se dirigeant vers la grande table, où son poids faillit être fatal à la chaise sur laquelle il se laissa tomber. 
Bob Walters parcourut la pièce du regard, cherchant manifestement Geneviève. Une lueur d’irritation passa dans ses yeux. Il fit quelques pas et s’adossa au mur. 
Les garçons, qui n’attendaient que de le voir assis, relâchèrent quelque peu leurs muscles tendus. Pratiquement impossible de l’attaquer à l’improviste avec la position qu’il avait. Mieux valait attendre un moment plus propice. 
— « Abattu beaucoup de kilomètres, Walters ? » demanda Mort sur le ton de la-conversation. 
La banalité de la question fit tomber de manière imperceptible la tension indéfinissable qui régnait dans la pièce. Toutes choses semblèrent prendre un tour normal. 
— « Une vraie randonnée ! » répondit le gros homme. « À peu près huit cents kilomètres depuis notre dernier arrêt. » 
Opal toussota pour attirer l’attention. 
— « Êtes-vous de la Terre ou de Marsport ? » demanda-t-elle. 
Le gros homme gloussa. 
— « Ni l’un ni l’autre, » dit-il. « Je crois avoir oublié de vous le dire, mais je suis propriétaire d’un ranch. Bob et moi commencions à nous ennuyer, aussi sommes-nous partis nous promener, en laissant ma femme et les petits se débrouiller un peu tout seuls. Il n’est pas impossible que nous allions faire un tour à la Cité du Péché avant de rentrer à la maison. J’ai toujours eu envie de me propulser par là et de goûter à quelques-uns des soixante-dix-huit péchés qu’ils se vantent de connaître. Pas vrai, Bob ? » 
— « Est-ce que je pourrai les accompagner, Père ? » 
C’était Geneviève, sur le pas de la porte, et d’un coup, l’atmosphère redevint électrique. 
Elle avait du rouge sur les lèvres, ce qui lui donnait un air tout à fait étrange aux yeux de ceux qui ne l’avaient jamais vue ainsi auparavant. 
— « Seigneur ! » s’exclama Opal. « Mais où as-tu bien pu trouver du rouge à lèvres ? » 
Geneviève rejeta ses cheveux en arrière en un mouvement de défi. 
— « Oh ! j’en avais !… » 
— « Vous êtes ravissante, » lui dit Bob en s’avançant vers elle. 
Chad et Roy virent là l’occasion tant guettée et bondirent, pensant que Mort prendrait soin du gros homme pendant qu’ils s’occupaient de son fils. 
Peut-être fut-ce l’épouvante reflétée par les yeux de Geneviève qui mit Bob en garde. Il précipita son avance, terminant au sol en roulé boulé. Les poignards de Chad et de Roy sifflèrent dans l’air vide. 
Avec un temps de retard, Mort s’attaqua au gros homme que la surprise aurait dû, en principe, méduser sur place. Contre toute attente, ce dernier réagit avec une rapidité déroutante, immobilisant le bras de Mort, qui dut reculer. 
Durant un inconcevable instant, tout parut suspendu dans l’air immobile, tandis que la conscience des faits prenait corps dans l’esprit de chacun. 
Ce fut le petit Zeke, avec ses six ans, qui devint le héros de l’heure. Hurlant, autant de peur que d’excitation, il se rua sur le gros homme, tapant sur lui de toute la force de ses poings minuscules. 
Dans un grondement de fureur, l’homme se souleva de sa chaise et se disposa à écraser l’enfant. Opal s’élança à la rescousse, tenant des deux mains, en guise d’arme, une casserole fumante qui laissait échapper de tous côtés graisse chaude et patates frites. 
Chad et Roy se précipitèrent à nouveau, d’un seul mouvement, sur Bob Walters, mais leurs couteaux n’égratignèrent que le mur. Bob avait réussi à les éviter et se trouvait à présent hors de portée. 
Avec le beuglement d’un taureau outragé, Pete Walters para le coup de casserole brûlante avec son avant-bras. 
Son équilibre retrouvé, Mort accourait, brandissant son couteau. 
— « Dehors ! » tonna Pete Walters. 
Un couteau égratigna l’épaule de Bob, comme il abandonnait le combat et gagnait l’extérieur. Son père le précédait et sa course fut à peine freinée par le fait d’avoir défoncé la porte en passant, emportant avec lui les gonds et le chambranle. 
— « S’ils se sauvent, nous sommes perdus ! » cria Mort, s’élançant à leur poursuite. 
La famille entière se déroula à travers les débris de ce qui avait été une porte, à temps pour apercevoir le gros homme courir à une vitesse incroyable en direction d’un des bâtiments extérieurs, son fils sur ses talons. En quelques secondes, ils disparurent. 
Mort s’arrêta et s’en revint à pas lents vers sa famille, arborant une grimace pensive. 
— « Nous voilà en face d’un sacré problème, » murmura-t-il. Et, levant des yeux furibonds vers Chad et Roy : « Pourquoi avoir engagé l’action de cette manière ? » 
Ils se remuèrent, mal à l’aise, sans répondre. 
« Voilà le feu mis aux poudres, » reprit Mort. « Rien de pareil ne nous est jamais arrivé. Je ne sais vraiment que faire. » 
Geneviève pleurait silencieusement. 
« Ça suffit ! » déclara Mort. « C’est toi qui nous a fourrés dans ce pétrin ! Toi et tes histoires ! Vouloir un homme ! Je vous demande un peu ! » 
— « Pourquoi voulait-elle un homme ? » demanda le petit Lester, âgé de dix ans. 
— « J’aime Bob. » sanglota Geneviève. 
— « Chut, Geneviève, tais-toi, » dit Opal. 
— « J’aime Bob. J’aime Bob. J’AIME BOB ! » La litanie s’acheva en hurlement de désespoir. 
— « Pour l’amour du ciel. » grinça Mort, et il leva la main pour lui expédier une paire de gifles. 
Geneviève l’évita, ce qui déjà constituait un acte de trahison notoire. Toujours gémissant, elle le contourna et s’enfuit aussi vite que ses jambes le permettaient, dans la direction que Bob et son père avaient empruntée. 
Chad et Roy s’élancèrent à sa poursuite. 
— « Revenez ! » ordonna Mort. « Qu’elle s’en aille ! Bon débarras ! » 
La mine renfrognée, ils la regardèrent disparaître vers le bâtiment extérieur où Pete et Bob semblaient s’être évanouis. 
— « Qu’allons-nous faire, Père ? » demanda Chad. 
Question à laquelle il n’était guère facile de répondre. 
La pure logique eut voulu que Geneviève fût dorénavant classée avec les étrangers, donc vouée à la boucherie. Mais autoriser une chose pareille, c’était donner naissance aux germes mêmes de l’insécurité. Car alors n’importe lequel d’entre eux devenait une proie possible pour les autres, et le cannibalisme serait, non plus un mode de vie, mais une croissance cancéreuse qui se dévorerait elle-même, ainsi que tout ce qui l’entourerait. 
Les fondations mêmes de la famille, sur lesquelles reposait sa sécurité, exigeaient que Geneviève fût sauvée. Ces mêmes principes demandaient que les étrangers fussent hachés menu comme chair à pâté avant que de pouvoir s’enfuir. 
Il fallait faire quelque chose. Mort chercha une solution. Jusqu’à ce jour, tout avait toujours paru si simple, sans complications. Des gens que la stupéfaction immobilisait et – s’ils vivaient assez longtemps pour comprendre le sort qui les attendait – que l’horreur paralysait sur place. 
Pas du tout pareil, ce gros homme, ce Pete Walters, avec sa ruse toute animale. Mort pensa soudain que, dès l’instant où il avait posé les yeux sur cet homme, il l’avait craint. Comme par une sorte de prémonition. 
Une fois, il y avait bien longtemps, sur la Terre, lorsque Mort n’était encore qu’un petit garçon, on l’avait emmené à une kermesse. Il y avait vu des taureaux, d’assez près pour entendre leur souffle lent et profond, pour passer ses petits doigts d’enfant sur leurs museaux humides et sentir cette énorme force passer en pulsations puissantes sous leurs épaisses épaules. 
Pete Walters leur ressemblait. Et si ce même Pete avait, à cet instant, fait son apparition hors du bâtiment où il se dissimulait, pour avancer vers lui, Mort savait qu’il se serait enfui, pour sauver sa vie. 
Une silhouette fut en vue. 
Le cœur de Mort ne fit qu’un bond, avant qu’il s’aperçût que c’était Geneviève, et non Pete Walters. 
Geneviève, qui courait vers eux, agitant les bras, criant quelque chose. Que criait-elle ? 
— « Tout va bien ! Tout va bien ! Tout va bien ! » 
Opal, le diable l’emporte, se précipitait vers elle et la prenait dans ses bras ; son épouse et sa fille pleuraient en chœur. Opal balbutiait : « Ma petite fille. Ma toute petite fille. » 
La folie devait la gagner… 
Et voilà qu’à présent le gros homme et son fils apparaissaient à leur tour, marchant lentement vers eux, arborant de larges sourires sur leurs faces. Que se passait-il ? Geneviève avait crié autre chose. Qu’avait-elle dit ? 
Soudain il se rappela. Geneviève avait dit : 
— « Ils sont comme nous ! » 
Incroyable… Assez étrangement, Mort n’avait jamais considéré cette perspective : l’existence d’autres cannibales. Il avait cru ses problèmes uniques. 
— « Comme je suis content d’avoir fait votre connaissance ! » disait Pete Walters en s’approchant, la main tendue. 
Durant quelques secondes, Mort suspecta quelque ruse. Puis, regardant droit dans les yeux du gros homme, il sut, soudain, que Pete Walters était sincère. 
Dans un élan, il se saisit de la main de Pete, dodue et chaude. Au cours du vigoureux shake hand qui suivit, Mort ne put s’empêcher d’avoir une dernière pensée de regret pour le plus beau morceau de viande qu’il eût jamais rencontré et auquel il allait lui falloir renoncer. 
— « Cessez de me couver des yeux, » ricana Pete. « Par Jupiter, j’aurais dû le deviner rien qu’à la façon que vous aviez de me regarder, mais il ne m’est même pas venu à l’esprit…» 
— « À moi non plus, » dit Mort. 
Ils se retournèrent pour regarder Geneviève qui, le visage irradié de bonheur, était dans les bras de Bob. 
— « Il est certain qu’ils forment un couple charmant, » reconnut Mort. « Je ne demandais pas mieux que Geneviève fût heureuse, mais je ne pouvais imaginer… » 
— « Curieuse chose que le destin, » philosopha Pete. « Bob et moi avions entrepris cette tournée dans l’espoir de trouver de la viande. Les touristes ne viennent pas assez souvent à la ferme… Comment penser que nous tomberions sur nos semblables ? » 
— « C’est ce qui pouvait nous arriver de mieux, » dit Mort. « Nous commencions à nous sentir un peu seuls. » 
— « Nous aussi. » dit Pete, réprimant un petit sanglot de joie. 
— « Eh bien, mes enfants, » dit Opal, d’une voix un peu trop haut perchée et un peu trop gaie, « ne croyez-vous pas qu’il est temps de retourner à la cuisine et de commencer un vrai dîner ? Ah ! Geneviève, » appela-t-elle joyeusement, « tu peux commencer à penser à tes prochains devoirs de maîtresse de maison. File au congélateur, et ramène-nous la cuisse de Mrs. Johnson. Et, Lester, prends le petit Zeke avec toi, allez tous deux jusqu’aux cultures hydroponiques et ramenez-moi deux oignons et un bouquet de thym. Allez, hop, courez ! » 
Et, se tournant vers Pete Walters, elle lui effleura timidement le poignet et leva les yeux vers lui, la lèvre frémissante. 
— « Parlez-moi de Mrs. Walters. Comment est-elle ?… » demanda-t-elle doucement. 
  
(Traduit par Régine Vivier.)

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Modifié en dernier lieu le 16.05.2024
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